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Explosion des primes d'assurance-maladie : et si on prévenait plutôt que de guérir ?

6.8.2023
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L'année 2023 a apporté son lot de défis pour la Suisse, et l'un des plus préoccupants est la catastrophe de la hausse des primes d'assurance maladie. Alors que de nombreux citoyennes et citoyens s'efforcent de faire face à de nombreuses hausses, l'augmentation constante et souvent insoutenable des primes d'assurance maladie donne une fois de plus des sueurs froides à la classe moyenne et aux plus précaires du pays.

Bien que la Suisse ait une réputation enviable en matière de soins médicaux, sa loi sur l'assurance maladie ne traite que des soins. En effet, à ce jour, la législation, constitution fédérale en tête, évoque la santé quasi uniquement que sous cet angle. Cela signifie que l'accent est principalement mis sur la réaction aux problèmes de santé plutôt que sur leur prévention, une omission ayant des répercussions profondes sur la santé globale et sur les coûts qu’elle engendre.

Par exemple, 42% de la population suisse est en surpoids, et25% sont fumeurs. Ces faits ont des conséquences sur la santé des concerné-e-s mais ils ont également un impact financier considérable sur la collectivité et le système de santé.

On sait aujourd’hui qu’une alimentation saine, la réduction de la quantité d’alcool et de tabac limitent à 80% la possibilité de faire un AVC, d’avoir des maladies cardio-vasculaires et de développer du diabète. Autre exemple : la santé mentale, qui est la grande oubliée de notre système actuel, dont les répercussions directes et indirectes coûtent 7,8 à 10 milliards par an à notre économie(coûts de la santé + coûts des absences au travail). En effet, les coûts de ces maladies souvent chroniques sont supportés non seulement par les patients, mais aussi par l'ensemble de la société à travers les primes d'assurance maladie(qui sont passablement subventionnées par les impôts) et par les entreprises.

Or, en Suisse, la prévention pourrait jouer un rôle crucial pour freiner les coûts galopant de la santé. Actuellement, nous sommes l’un des pays de l’OCDE investissant le moins dans la prévention en santé (seulement 2,7% des dépenses de santé). Encore plus déconcertant : dans quelques cas spécifiques comme par exemple la lutte contre le VIH, la Suisse a obtenu d’excellents résultats.

Il est temps d'appliquer la même logique à d'autres problèmes de santé qui peuvent être prévenus. Des mesures telles que des campagnes d'information, des incitations fiscales pour les aliments sains et des politiques anti-tabac plus strictes peuvent contribuer à réduire les comportements à risque et à prévenir les maladies associées.

Il est temps d’arrêter de se cacher derrière l’argument que se maintenir en santé est une affaire exclusivement privée. Elle ne l’est plus quand les pots cassés doivent être réparés à coups de milliards qui font mal au pouvoir d’achat de l’ensemble de la population. De plus, à long terme, la prévention en santé est bonne pour notre économie. En effet, nous pouvons améliorer la santé des gens le plus longtemps possible et une population en meilleure santé signifie aussi moins de journées de travail perdues en raison de maladies et une économie plus compétitive.

Ensuite, les partisans de la responsabilité individuelle à tout prix reviendront avec l’argument que déjà aujourd’hui la Suisse a l’une des espérances de vie les plus élevées en Europe. Pas besoin de prévention en santé, tout va très bien en somme !  Pour ce qui est de l’espérance de vie pure, c’est en effet le cas, mais cela ne l’est pas lorsqu’on raisonne en termes d’années en bonne santé, soit lorsque la qualité de vie est maintenue. Ainsi, on vit par exemple 15,9 ans en moyenne en bonne santé après 65 ans en Suède contre seulement 10,9 en Suisse.

Cela est d’autant plus déconcertant lorsqu’on sait que la prévention en santé existe bel et bien en Suisse. En effet, de nombreux cantons entreprennent des programmes innovants. Seulement, les moyens et la coordination entre toutes ces ressources sont quasi inexistants à ce jour. Faute d’ancrage constitutionnel et après l’échec de la loi sur la prévention au parlement en 2012, la prévention en santé reste le parent pauvre sans stratégie globale de la politique de santé (qui est en réalité une politique de maladie).

La Suisse a une occasion en or d'améliorer la santé de sa population tout en réduisant les coûts liés aux soins de santé. En reconnaissant le potentiel de la santé préventive et en investissant dans des programmes et des politiques adaptés, nous pouvons créer un avenir plus sain pour notre pays. C'est une responsabilité que nous partageons tous, et c'est un investissement qui bénéficiera à chacun et et chacun d'entre nous.

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